10 oct.6 min de lecture

LARA LUTZ

Un rayon de soleil pour sublimer les shooting photos d'enfants !

Nous avons rencontré Lara Lutz, une photographe

talentueuse au parcours fascinant. Originaire du Brésil,

Lara s'est établie en France où elle a su se faire une

place dans le monde de la photographie artistique et commerciale spécialisée en shooting pour marques

enfants et bébés. Son histoire est celle d'une

passion née dès l'adolescence, enrichie par

des expériences variées et marquée par une

recherche constante d'authenticité et de beauté.

Bonjour Lara, tu viens du Brésil et tu as un parcours artistique intéressant, peux-tu nous parler un peu de toi ?

Bonjour ! J'ai commencé la photo quand j'avais 14 ans. Ma mère, artiste peintre, avait un atelier de peinture à Rio de Janeiro, où j'ai grandi. Je l'accompagnais souvent, et c'est ainsi que j'ai rencontré Milan Alram, photographe français publicitaire des années 50/60 qui tenait son laboratoire photo, Kronokroma, en dessous de l'atelier de ma mère. Milan m'a pris sous son aile et m'a appris les bases de la photographie argentique.

À 19 ans, je suis venue habiter à Paris pour étudier la mode, mais j'ai vite réalisé que je préférais la photographie. J'aimais le métier de la création de mode, mais pas l’ambiance. C'est ainsi que j'ai commencé à travailler chez Christie's, une maison de ventes aux enchères d'art. Ce fut une expérience formidable qui m'a permis de photographier des œuvres d’art iconiques et de me perfectionner dans plusieurs techniques de prise de vue studio, j'ai gravi les échelons jusqu'à devenir manager du studio photo.

Après sept ans et la naissance de mon premier enfant, je décide de quitter cette position prestigieuse pour me concentrer sur la photographie de famille et d'enfants, et j'ouvre mon propre studio à Garches en région parisienne. Mais, cherchant à aller plus loin artistiquement, je me tourne vers les marques de mode enfantine pour m’exprimer pleinement .

Puis le confinement dû au COVID nous a vu quitter Paris pour aller sur Vannes, ville dont je suis tombée littéralement amoureuse dès les premières vacances 10 ans auparavant. Il a suffit de quelques semaines ici pour tout chambouler et acheter notre maison.

Aujourd'hui, je jongle entre les shootings à Paris et à Vannes, travaillant pour des marques de mode, déco, cosmétique, food et tout autre marque agissant dans l’univers de l’enfant ou du bébé.

« Je trouve qu'on se sent vraiment à sa place quand tout ce qu'on a fait auparavant nous a appris quelque chose qu'on utilise aujourd'hui. »

Quels sont les photographes ou artistes qui t'inspirent le plus dans ton travail ?

Un des photographes qui m'a le plus inspiré est Richard Avedon. C'est lors d'une exposition chez Christie's que j'ai découvert cet artiste et une de ses photos emblématiques, Dovima et les éléphants. De mémoire elle était gigantesque et représentait une femme en robe noire et blanche, sublime, les bras ouverts et un éléphant de chaque côté. Avedon a un sens de la composition qui est dramatique et naturelle en même temps. Je pense que c'est ça qui est intéressant et qui m’a tant marqué.

Tu as un style bien distinct, comment définirais-tu ton approche photographique ?

Mon style est un équilibre entre le naturel et le posé. J'essaie de capturer le vrai, mais de la manière la plus esthétique possible pour la marque. Je veux que chaque session soit une expérience agréable pour les enfants et que la marque soit bien représentée. J'aime jouer avec la lumière naturelle et le flash pour créer des ambiances douces et joyeuses. Aussi j'ai un goût prononcé pour la colorimétrie et j'ai perfectionné mes profils couleur spécifiques à chaque client et en accord avec leur univers.

Aujourd'hui, avec ton studio sur Vannes et Paris, comment tu arrives à t'organiser pour répondre aux demandes de tes clients ?

L'organisation est essentielle. Je planifie mes semaines à l'avance, en coordonnant les sessions de shooting, les rendez-vous clients, et les déplacements entre Vannes et Paris. J'ai une équipe formidable qui m'aide avec la logistique, le stylisme et la post-production, ce qui me permet de me concentrer sur la créativité et la qualité des photos.

Peux-tu nous décrire une journée type de shooting entre le casting des petits modèles, le stylisme, la mise en place des décors et la photographie, comment organises-tu chaque étape d'une séance photo ?

C'est toute la raison d'exister et de succès de notre studio ! L'organisation est très différente des autres studios photo, chaque personne s’attelle à une tache précise et sait ce qu'elle doit faire. Tout est bien rythmé et cadré entre moi qui suis à l'origine du projet et brief client puis Tiphanie qui prend le relais et va organiser le casting, les contrats et la recherche de lieux : studio, maison de famille, plage ou hôtel, nous proposons une large variété a nos clients. La styliste peut alors commencer à travailler les tenues et la décoration.

Une journée de shoot commence bien évidemment par la préparation du lieu de shooting; la mise en place des décors et des lumières . Le matin du shooting, nous accueillons les petits modèles et leurs parents, ainsi que les autres membres de notre équipe ou de celle de la marque. La styliste va ensuite habiller les enfants pour la première proposition de scène. Pendant la séance, je crée une atmosphère détendue pour que les enfants se sentent à l’aise. Avec mon équipe nous cherchons sans cesse la connexion avec eux en proposant des jeux, racontant des blagues et les guidant tout au long de la prise de vue.

Chaque étape est coordonnée pour que tout se déroule sans accroc, afin de proposer à mes clients une expérience sans stress et agréable pour le shoot de leur marque.

Aujourd'hui tu travailles pour de belles marques, quel projet a été le plus marquant pour toi et peut-être que tu en as un dont tu es particulièrement fière ?

Chaque projet est unique, mais je suis particulièrement fière des éditos que nous avons réalisés. Par exemple, nous venons de photographier les collections d'hiver 24/25 à la plage sous la tempête sur la côte sauvage. C'était un défi, mais le résultat est magnifique. J'aime aussi les projets où je peux vraiment m'exprimer artistiquement tout en répondant aux besoins de mes clients comme par exemple notre collaboration depuis 3 ans avec la marque Biolane pour la refonte de toute leur image de marque et la transmission de leurs univers et leurs valeurs à travers la création d’images et vidéos. Voir mes clients satisfaits et savoir que j'ai contribué à leur succès est toujours une immense satisfaction.

Quels sont les défis les plus fréquents que tu rencontres lors d'un shooting, et comment les surmontes-tu ?

Les défis les plus fréquents sont souvent liés à l'imprévisibilité des enfants et aux conditions météorologiques pour les séances en extérieur. Pour surmonter ces défis, il est crucial d'être flexible et patient. Avoir un plan B et parfois même un plan C est indispensable. Créer un environnement amusant et sécurisé pour les enfants aide également beaucoup à obtenir des photos naturelles et joyeuses. Il est aussi important de bien comprendre les attentes du client et de les traduire en termes photographiques précis. Et comme j'aime l'organisation, je travaille des moodboards élaborés sur plusieurs pages (une pour la couleur, une pour l'ambiance, une pour les poses etc...) . cela évite les quiproquos !

Quel conseil donnerais-tu à de jeunes photographes qui débutent dans cette carrière ?

Il y a une expression en l'anglais qui dit: run before you can walk ! Je leur dirais de toujours rester curieux et passionnés. De se spécialiser dans ce qui les passionne le plus et de devenir le meilleur dans ce domaine. De se former continuellement et de ne pas avoir peur de prendre des risques. La persévérance et la passion sont les clés du succès dans ce métier et toute autre aventure entrepreneuriale. De mon côté, je me forme constamment, c'est essentiel pour ne pas être dépassé et pour se nourrir encore et encore, il y a toujours des nouvelles choses à apprendre et c'est ça qui est passionnant.

Un mot en breton ?

Irmate !

Mais je dirais aussi : Gwen ! Car pour la petite histoire, ma grand-mère, qui était la personne la plus importante de toute ma vie et qui est décédée malheureusement il y a trois ans, s'appelait Gwen, Gwendoline. Et donc, quand je lui ai dit que je venais habiter à Vannes, je lui ai dit : mais tu sais, Vannes, c'est Gwended, la ville de Gwen. Elle était tellement contente et du coup, aujourd'hui, elle est avec moi à chaque fois que je passe devant une plaque écrite Gwended. C'était « meant to be » , prédestiné, donc je suis au bon endroit. Elle est toujours avec moi !